samedi 17 septembre 2011

Si ce blog doit avoir une seule raison d'exister, c'est pour que le député en haut à gauche ne soit plus le notre le 17 juin 2012

La droite populaire se recompose
Actu-match | samedi 17 septembre 2011
Ludovic Vigogne - Paris Match














Après avoir semé le désordre,  cette droite « sans complexes » se met en ordre de marche pour faire réélire Nicolas Sarkozy.

La création d’une carte Vitale biométrique pour lutter contre ceux qui fraudent à la sécurité sociale, la mise en place d’un service civique de la nation pour chaque jeune entre 16 et 18 ans, davantage de cours d’Histoire de France à l’école, la suppression de l’aménagement systématique des peines de prison... Voilà quelques-unes des « 12 propositions pour 2012 » que dévoilera la Droite populaire avant la fin du mois.

Ce « collectif » d’une quarantaine de députés UMP, qui défraie régulièrement la chronique, va aussi changer de nature. S’activant jusqu’à présent uniquement à l’Assemblée, celui-ci va devenir une branche de l’UMP, à laquelle tous les Français et tous les élus, y compris ceux qui ne sont pas adhérents du parti majoritaire, pourront adhérer. « Nous allons nous ouvrir à tous ceux qui se reconnaissent dans une droite sans complexes », annonce Thierry Mariani, le ministre chargé des Transports, qui, alors qu’il était encore député du Vaucluse, avait fondé cette sensibilité, en juillet 2010, avec Lionnel Luca, son collègue des Alpes-Maritimes. A la différence, par exemple, de Génération France de Jean-François Copé, la Droite populaire n’aura aucune vocation à devenir un jour une écurie présidentielle. Son seul objectif : la réélection de Nicolas Sarkozy en 2012. Et, pour ses animateurs, celle-ci ne se fera qu’à une condition : l’ancrage à droite du président candidat.

Toutes ces décisions ont été prises le 6 septembre. Ce soir-là, le ministre des Transports reçoit à sa table vingt et un députés membres de cette sensibilité. Le service est un peu lent. Le vin tarde à être servi. C’est l’occasion de quelques blagues : la Droite populaire a mis le feu aux poudres lorsqu’en juillet certains de ses membres ont organisé à l’Assemblée un apéro « saucisson vin rouge », un concept mis à la mode par des groupuscules identitaires d’extrême droite. Devine qui vient dîner ! Dans un salon voisin du ministère, Nathalie Kosciusko-Morizet reçoit Jean-Pierre Raffarin. A la fin du repas, la ministre de l’Ecologie vient s’asseoir une demi-heure parmi les députés et évoque son débat du lendemain face à Marine Le Pen. L’ex-Premier ministre, lui, est déjà parti. A l’occasion de la polémique au sujet de la taxe sur les parcs d’attractions, Lionnel Luca l’a publiquement traité de « ringard ». Il n’a pas aimé. A Paris Match Jean-Pierre Raffarin confie : « Ce n’est pas la Droite populaire, c’est la droite sud-est. Ce n’est pas la pensée politique qui la définit, c’est la météo ! Ce qui est idiot, c’est d’appliquer une logique géographique au niveau national. »

Un «collectif» de députés qui fait la pluie et le beau temps...

Cela fait en effet quelques mois que les membres de ce groupuscule font la pluie et le beau temps au sein de la majorité. L’offensive printanière anti-radars qui a mis en difficulté le gouvernement ? Ce sont eux qui l’ont menée. L’appel à la démission de Roselyne Bachelot après la prise de position personnelle de la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale en faveur du mariage homosexuel ? Ce sont eux qui l’ont lancé. Le débat sur la suppression de la double nationalité ? Ils l’ont alimenté... Composée de députés forts en gueule venus de régions où le Front national a retrouvé ses couleurs (14 viennent de Paca, 7 de Rhône-Alpes, 4 de Languedoc-Roussillon), la Droite populaire se bat pour que la majorité revienne aux « fondamentaux » de 2007. Mariani et ses compères n’ont pas oublié que, si Nicolas Sarkozy est à l’Elysée, c’est parce qu’il a siphonné les voix de Jean-Marie Le Pen. Depuis le début du quinquennat, ils ont vérifié, à l’occasion de chaque élection locale, que l’ouverture à gauche entreprise par le chef de l’Etat n’avait jamais rapporté la moindre voix. Jugés « populistes » par certains, ils veulent que leur famille s’assume. La sécurité, la lutte contre l’immigration sont deux de leurs obsessions.

... dont les positions flirtent avec celles de Marine Le Pen

Sur les questions de société, ils sont plutôt Tea Party que droite modérée. S’ils affirment refuser toute alliance avec le FN, leurs positions ne sont toujours pas très loin de celles de Marine Le Pen... « Nos idées sont en osmose avec celles du peuple français, avance Lionnel Luca. Nous sommes là pour mettre l’épée dans les reins au corps mou de l’UMP. » « Le peuple attend ce que nous proposons, ajoute Philippe Meunier, député du Rhône. La pression monte dans nos territoires. Si la majorité veut éviter que la révolte ne gronde, elle doit nous écouter. »  Mais, pour beaucoup, dans le camp présidentiel, on a déjà trop entendu la Droite populaire. A l’Assemblée, où il n’y a plus de poids lourds à une ou deux exceptions près, la plupart des débats se sont faits avant l’été par rapport à elle (même si, au final, elle a remporté peu de batailles parlementaires).

Les centristes, trop éparpillés et trop discrets, les libéraux, affaiblis par la crise financière, n’ont pas pu peser. Au sein du parti majoritaire, Jean-Louis Borloo et les siens ont prétexté sa trop forte audience pour justifier leur départ. « Un groupuscule sectaire ne peut pas à lui tout seul incarner l’image de la majorité présidentielle », a déclaré Yves Jégo. Résultat, alors que l’Elysée a changé de stratégie – fini la droitisation, place à la représi­dentialisation –, c’est toute la majorité qui s’en est trouvée déséquilibrée. « Au sein de l’UMP, il faut faire vivre l’unité dans la diversité. La Droite populaire s’exprime fortement, et c’est bien. Mais il y a aussi une sensibilité humaniste, regroupant des gaullistes dits sociaux, des centristes », a mis en garde Alain Juppé dans une interview au « Parisien », à la fin d’août.

D’où l’importance du dîner du 6 septembre, qui sonne comme une reprise en main... Si la Droite populaire a autant bousculé, c’est qu’en son sein soufflent plusieurs courants. Quelques « durs » (Jacques Myard, Philippe Meunier, Jean-Paul Garraud...) s’estiment en droit d’avancer au nom du mouvement (où il n’y a pas de patron) les positions les plus outrancières sans en référer à personne. Jusqu’à l’apéro « saucisson vin rouge », qui a provoqué une vraie cassure. Puisque Mariani est devenu ministre, Meunier estime aussi que celui-ci n’a plus rien à faire dans un collectif parlementaire. A la veille des vacances, dans la majorité, plusieurs ténors demandent au ministre des Transports de remettre de l’ordre. « Ou bien on se replie sur nous et on devient une secte, explique donc Thierry Mariani, qui se pose en chef naturel, le 6, à ses amis. Ou bien on s’ouvre et on gagne. » Présent au repas, Guillaume Peltier, spécialiste de l’opinion, démontre que le combat de la Droite populaire contre les fraudes sociales est plébiscité par les Français et affaiblit Marine Le Pen... 

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