dimanche 15 janvier 2012

Limonov.. qu'en penser

Poussé par les bonnes critiques et la nécessité d'acheter un livre dans un kiosque de la gare Montparnasse et malgrè mon peu de gout pour les prix littéraires récents j'ai lu "Limonov" d'Emmanuel Carrere.
D'Emmanuel Carrère j'avais déjà lu et apprécié "L'adversaire" sur l'affaire Roman (ce faux médecin mythomane qui a massacré sa famille), je savais ses liens avec le monde russe en particulier à travers sa mère l'historienne Hélène Carrère d'Encausse. Pourtant que penser de ce "Limonov" ?
Évidemment lu "au premier degré" c'est très agréable, Carrère a un talent déjà vu dans l'Adversaire à la frontière du journalisme et du roman pour traiter du monde contemporain, avec un style "cool" mais sans excès, en sachant par moment se "mettre en abyme" dans le récit avec des souvenirs personnels. Mais pourtant comme écrirait Carrère (c'est la phrase qui fait basculer le livre) "c'est plus compliqué".
Passons tout de suite sur la "polémique littéraire". Il est vrai qu'une large partie du livre est une sorte de "recopié-résumé" des livres que Limonov a consacré à lui même (écrire sa propre vie a été longtemps sa principale activité). Mais admettons qu'on peut "recopier" avec talent, ce n'est pas le débat. On est ici sur un blog politique et c'est la dimension politique du livre qui nous importe ici.
Car Limonov est avant tout un livre politique puisque consacré à un personnage politique.  Et ce personnage politique Edouard Limonov est a peu près la figure "centrale, paradigmatique, symbolique" d'un mouvement contre lequel je lutte depuis toujours sur ce blog comme dans la rue "les rouges bruns". Je renvoye aux nombreux billets ici, mais aussi ici. Je rappelle qu'ils sont animés en France par le dénommé Alain Soral (qui doit se fantasmer en Limonov français) et qu'ils frayent avec Dieudonné sur ses listes antisémites.
Dans la version Limonov les rouges bruns s'appellent "Nas Bol" National Bolcheviques (!). Evidemment on comprend qu'il puissent exercer un certain charme voir une certaine fascination sur l'auteur, sur une partie des people russes qui ont pu voir dans les locaux de Limonov l'équivalent de la Factory de Warhol et surtout sur les adolescents boutonneux décrits par Carrère. Du talent litteraire (l'école française Edern Hallier), du "vitalisme" (de Jim Morrison a Fantomas), un certain courage physique.
On peut écrire sur des salopards et je n'ai jamais caché mon admiration pour le livre de Little "Les bienveillantes". Mais évidemment il y a une frontière et je ne suis pas sur que Carrère ait su la franchir dans le bon sens.
A lire avec modération

 David Dornbusch

2 commentaires:

  1. Bonjour.
    Limonov est un fasciste notoire.
    je connais ses écrits (principalement du sexe (partouzes) et de la violence, pas toujours politique) et je connais le personnage très bien, dans la mesure où ce type fascinait quelques gens que j'ai fréquenté dans une scène musicale et "politique". C'est un sacré bonhomme, et qu'il faut prendre avec des pincettes, car au-delà de son aura, c'est quelqu'un de très dangereux. Ce n'est certainement pas le type à bousculer dans la rue ou durant un meeting, et politiquement c'est quelqu'un de tout aussi dangereux car il sait argumenter. C'est le type même du soldat-militant qu'aime le tercisme et tout ce courant qui se revendique de Niekisch, de son mouvement "Widerstand" donc du national socialisme originel (dont Hitler vida les rangs SA durant la Nuit des Longs Couteaux (je fais ici un raccourci volontaire)

    Ce courant d'idée s'est illustrée en France par le biais de 3 Voie, puis Nouvelle Résistance, puis j'en passe, ce groupe se dissolvant et renaissant de ses cendres sous X appellations. Les fondateurs en ont été Jean-Gilles Malliarakis et Christian Bouchet. Bouchet qui d'ailleurs est quelqu'un de très proche de Limonov.

    On est loin d'Alain Soral, qui est un guignol, certes dangereux, mais qui reste un guignol comparé aux gens cités plus haut, qui sont d'une autre envergure.

    Je vois effectivement mal Soral partir se battre avec le Hamas... par exemple? Limonov, lui, s'est battu dans les rangs serbes en ex-Yougo. Ce Monsieur sait donc mettre ses idéaux à la pointe d'une AK47 (la Zastava là-bas d'ailleurs, bref)

    Ce courant politique fascine la jeunesse en rupture de bans, parce qu'il permet de se revendiquer de toute une partie de l'histoire allemande (et italienne) d'avant la seconde guerre mondiale, et de jouer au rebelle anticapitaliste sans rentrer dans les rangs de l'extrème-gauche, ni d'une extrème-droite marquée néo-nazie. Pourquoi ? Parce qu'il affirme une filiation avec les socialistes français tels Louis-Auguste Blanqui et Pierre-Joseph Proudhon, avec Georges Valois, avec les NR allemands tels Ernst Niekisch, Ernst Jünger, Karl-Otto Paetel et Wener Lass, avec les Espagnols Manuel Hedilla et Ramiro Ledesma Ramos, avec Juan Peron et Gamal Abd el-Nasser.

    La nuance entre Soral et Limonov, c'est que Soral joue à un jeu, je dirai médiatique, alors que Limonov ne joue pas, c'est un militant pur et dur. Il est à mettre à côté de types comme Junger, j'en passe.

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  2. J'ai lu ce matin une interview de Limonov fait par un canard français au sujet de ce livre (de Carrère) Carrère semble fasciné par le personnage de Limonov, et Limonov est fidèle à lui-même, il se compare d'ailleurs à Ulysse, avec beaucoup plus de subtilités qu'on ne saurait le penser.

    Car, au fond, Ulysse est intimement lié au Cheval de Troie.
    On me comprendra.
    Ou pas...

    Mordekai.

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