Fin décembre dernier le gouvernement Sarkozy proposait une série de 22
mesures pour réduire notre consommation d'énergie. L'analyse de ces 22
mesures montre malheureusement que la réduction de consommation
d'énergie sera inversement proportionnelle au bruit médiatique
réalisé...
Les premiers chapitres sont axés sur l'amélioration de l'efficacité
énergétiques des entreprises à travers des prêts à taux bonifiés, des
certificats d'économie d'énergie, des formations et surtout l'extinction
des enseignes lumineuses et peut être des éclairages des bureaux entre 1
heure et 6 heure du matin. Malheureusement l'analyse de ces mesures
fait surtout ressortir que les économies réalisées vont être très
faibles, sans doute à peine 0,1% de la consommation totale d'électricité
et surtout de l'électricité "qui ne vaut rien", puisque produite la
nuit par nos centrales nucléaires en quantité excédentaire et dont on ne
sait déjà pas quoi faire...
La deuxième série de mesurettes porte sur les économies d'énergie pour
les ménages et les particuliers. On sait qu'aujourd'hui c'est un poste
particulièrement douloureux et je revendique l'idée que réduire
d'urgence les charges des locataires en particulier dans le social est
une des pistes crédibles de gain- réduit mais concret- de pouvoir
d'achat à court terme.
Regardons donc en détail. Une première série de mesures contient des
éléments intéressants mais ne concerne que les propriétaires
(dispositifs d'aide, diagnostics). Du coté des locataires les mesures
sont anecdotiques en terme de volume (aide de 30000 logements quand la
précarité énergétique touche plusieurs millions des foyers)
Une troisième série de mesures concerne les collectivités publiques. Là
encore vrai sujet, j'ai souvent abordé et illustré ici la frilosité des
programmes locaux lors de la rénovation ou de la construction de
bâtiments publics, essentiellement par manque de ressources et de
formation des équipes en charge des programme je pense.
Là encore on note des mesures qui sont plus dans l'annonce que dans la
réalité: les montants annoncés pour la rénovation de l'éclairage public
des petites communes représente peut être 0,1% des besoins..
Une autre mesure m'a intéressé, j'en ai déjà parlé et concerne la
livraison dite du "dernier kilomètre" dans les villes c'est à dire des
plate forme de déchargement des poids lourds à l'entrée des villes dont
la cargaison est reprise par des navettes plus adaptées au contexte
urbain, si possible électrique. Outre sa dimension environnementale, ces
actions me semblent contenir une dimension "emplois locaux"
intéressants avec quelques conducteurs locaux de navettes au lieu de
chauffeurs roumains en transit au volant de poids lourds allemands.
Aujourd’hui, il existe des initiatives locales de la
gestion du dernier kilomètre « propre », souvent militantes et
associatives. Le projet évoque la mise en place d’une charte non
contraignante pour le dernier kilomètre là ou à mon sens il faut un
programme bien plus ambitieux.
Enfin le "chapitre 4" est aussi réduit que mystérieux...
En conclusion l’ensemble des économies
d’énergies envisagées représenterait sans doute moins de 5 Téra Watt
Heure par an soit à peu
près 1% de la consommation énergétique d’origine électrique. En
particulier la mesure vedette, l’extinction des enseignes la nuit de 1h à
6 h, représente une
diminution de la consommation au moment où l'électricité est (trop)
disponible et ou ne sait comment s'en débarrasser aujourd'hui.
Comme je l'ai montré dans
"Comment et pourquoi fermer 5 centrales nucléaires" les programmes d'économies d'énergies massifs peuvent non
seulement créer un vrai changement environnemental mais participer d'une
relance de l'emploi keynesienne de grande ampleur et contribuer à des
gains rapides de pouvoir d'achat. Au contraire ce type de programme
empile des mesurettes sans conséquence macro économique ou même
environnemental au profit d'annonce et de bruit
A changer très vite
David Dornbusch
En route vers la victoire en 2012 avec François Hollande à Fontenay, Vincennes et Saint Mandé
@Dornbusch2012
www.facebook.com/david.dornbusch
Rappel des mesures
Chapitre 1 : améliorer la compétitivité des entreprises
Action 1 : Prêter 100 M€ à taux bonifiés de 2 % (distribués par OSEO)
pour aider les entreprises de moins de 50 salariés à réaliser des travaux
d’économies d’énergie
Action 2 : Etudier la mise en place d’un tarif d’achat de
l‘électricité produite par la chaleur perdue
Action 3 : Amplifier le dispositif des certificats d’économie
d’énergie avec une troisième période 2014-2016 plus ambitieuse
Action 4 : inciter à la qualification des professionnels du bâtiment
pour améliorer la qualité des travaux en mettant en place une conditionnalité
des aides
Action 5 : fixer une obligation d’extinction des enseignes lumineuses
commerciales entre 1h et 6h du matin
Action 6 : étudier une obligation d’extinction des éclairages
extérieurs et intérieurs des bâtiments non résidentiels
Action 7 : mettre en place des accords volontaires avec les
entreprises de l’offre d’équipements et de la demande énergétique.
Action 8 : lancer un appel à projets ministériel sur les thèmes de
l’information, de la formation et de l’innovation
Action 9 : mettre en ligne un site Internet ADEME dédié à l’efficacité
énergétique pour les entreprises.
Action 10 : inciter à mettre en œuvre la norme ISO 50001 (systèmes de
management de l’énergie) en bonifiant les certificats d’économies d’énergie
concernés
Action 11 : permettre l’accès à la TVA à 7 % pour les travaux
d’économies d’énergie lorsque leurs bénéficiaires ont recours au tiers
financement
Chapitre 2 : Réduire les consommations et les factures énergétiques
des ménages avec une attention particulière aux ménages précaires
Action 1 : approfondir les dispositifs d’aide à la rénovation
thermique de l’habitat
Action 2 : fiabiliser les diagnostics de performance
énergétique (DPE) en améliorant leur méthodologie, en les rendant
plus transparents et en renforçant la qualification et le contrôle des
diagnostiqueurs
Action 3 : renforcer le programme « Habiter Mieux »
Action 4 : automatiser l’attribution des tarifs sociaux pour le gaz et
l’électricité
Action 5 : reconduire l’éco-prêt logement social (éco-PLS) pour les
bailleurs sociaux
Action 6 : lancer une étude pour favoriser la vente des biens
immobiliers les moins consommateurs en énergie
Action 7 : Etudier l’explicitation de critères énergétiques dans les
textes sur la décence dans le parc locatif
Action 8 : renforcer le malus annuel sur les voitures les plus
consommatrices
Action 9 : réviser la taxe sur les véhicules de société
Action 10 : lancer une campagne d’information grand public sur la
performance énergétique des équipements (intégrée aux campagnes
institutionnelles de l’ADEME)
Chapitre 3 : Renforcer le rôle moteur et exemplaire des pouvoirs
publics
Action 1 : consolider les réseaux d’acheteurs publics existants et les
étendre aux régions non couvertes
Action 2 : lancer un grand plan d’achats public « performance
énergétique »
Action 3 : apporter une subvention de l’ADEME aux communes de moins de
2 000 habitants pour réaliser une rénovation de leur éclairage public.
Action 4 : mettre en place une charte nationale sur la « logistique du
dernier kilomètre sobre en énergie » avec les acteurs de la logistique et les
collectivités locales
Action 5 : développer de nouveaux mécanismes de financement des
projets des petites collectivités
Chapitre 4 : Améliorer l’efficacité énergétique grâce aux technologies
numériques
Action 1 : Mobiliser les investissements d’avenir (prises de
participation ou prêts non bonifiés) pour accompagner en investissement les
acteurs du développement des solutions d’amélioration de l’efficacité
énergétique grâce au numérique
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