mardi 14 février 2012

La transition énergétique, c’est maintenant !

Tribune publiée par Le Cercle Les Echos  cosignée par Marie Hélène Aubert (chargée du pôle énergie-développement durable dans la campagne de François Hollande), Laurence Rossignol (sénatrice, SN Environnement-PS), Philippe Martin (député, SNA environnement-PS),  Jean Paul Chanteguet (député), Philippe Plisson (député), David Dornbusch (moi même en l'occurenc).
(http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/energies-environnement/environnement/221143364/transition-energetique-c-est-mainten)


Le Président de la République a donc usé de son droit de grâce envers l’entreprise Photowatt. Parmi les nombreuses entreprises de la filière photovoltaïque décimées par l’imprévoyance et l’incohérence du Gouvernement, l’une d’entre elle sera donc sauvée.

Personne n’est dupe que c’est surtout au calendrier électoral que Photowatt doit son possible salut. Cette intervention témoigne de la place inédite, dans l’élection présidentielle, de la question énergétique dans le débat présidentiel. La crise économique est aussi une crise énergétique et environnementale. L’accès à l’énergie et la transition énergétique sont à la fois une donnée du désordre global et  un enjeu de sortie de crise. Il est dans ces conditions normal, et utile que la transition énergétique s’impose dans la confrontation des projets.
Nous avons jusqu’à présent vécu dans une évidence énergétique consensuelle. Aujourd’hui, l’évidence et le consensus se sont profondément fissurés. L’énergie symbolisait le progrès collectif et individuel, jusqu’à ce que les symboles se dégradent  sous le double effet du réchauffement climatique et de la catastrophe nucléaire de Fukushima. La fée électricité pourrait donc se changer en Carabosse et dévaster le futur et le présent de la planète ?
En France, le débat met face à face une droite productiviste arc-boutée sur son choix du tout nucléaire, pourtant responsable de nous avoir fait perdre 5 ans dans l’indispensable transition énergétique et la gauche porteuse avec François Hollande d’une refondation de son projet autour la social-écologie. La réduction de la part du nucléaire à 50% en 2025 est une proposition à la fois sérieuse et assumée.
Sérieuse et assumée, car il nous faut dans le même temps penser le sevrage aux énergies fossiles, réduire la part du nucléaire, garantir notre indépendance énergétique et assurer l’accès des particuliers et des entreprises à une énergie abordable. Le volontarisme de la gauche s’oppose ici à la vision à court terme d’une droite installée dans le  « train-train » du réalisme économique. Dans l’instant, c’est incontestablement plus facile. Mais l’imprévoyance et le renoncement ne préparent pas notre pays au monde de demain. Les 30 glorieuses ne reviendront jamais et l’épuisement des ressources naturelles modifie durablement les règles du jeu de la compétition internationale. Nos modes de production et nos modes de vie énergivores ne sont plus compatibles avec les enjeux environnementaux. C’est désormais à l’aune des critères du développement durable que doivent être faits les choix politiques en matière d’énergie, d’aménagement du territoire,  d’urbanisme, de transports, de logement et de stratégie industrielle. La cohérence environnementale de l’action du gouvernement se lira donc dans l’architecture ministérielle.
Le sabordage des énergies renouvelables et  la soumission de la politique énergétique au ministère de l’industrie, et donc à ses fleurons, sont liés. Dès lors que les intérêts économiques des industries nucléaires et électriques orientent la politique énergétique, il n’y a place ni pour une baisse réelle de la consommation, ni pour le développement des énergies renouvelables,  hors de leur contrôle.  Rien d’étonnant donc que, dans la brochure publiée par le Ministère de l’Industrie pour présenter le rapport de la Commission Energie 2050, ne  soient évoquées ni les économies d’électricité ni à la facture finale de l’usager !
L’alternative à cet aveuglement est dans un modèle énergétique, sobre,  diversifié, déconcentré et appuyé sur un réseau de PMI/ PME fort. Il est interdépendant d’une agriculture et d’une industrie réorganisées autour des circuits courts, de l’économie circulaire et de la mobilité propre.
L’enjeu du grand débat sur l’énergie que nous mettrons en place avec François Hollande à partir de mai prochain sera justement de mettre autour de la table tous les acteurs du monde de l’énergie, grands et petits, pour que toutes les voix soient entendues et que toutes les solutions soient explorées. C’est la clef d’une transition énergétique et environnementale réussie.

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