samedi 25 février 2012

Pour que le parking du Château de Vincennes ne soit plus l'honteux dortoir de Paris


Ces jours terribles pour les SDF ou le thermomètre quittait rarement les -10°C sont provisoirement derrière nous et on peut parler plus sereinement des quelques 140 sans domicile fixe qui vivent actuellement dans ce bois et des quelques dizaines qui vivent sur les parkings environnants.
En pleine vague de froid Le Monde consacrait un article au parking qui accueille des véhicules de SDF derrière le Château de Vincennes. Article intitulé "A Vincennes, un parking pour tout dortoir " - article que je reproduis ci après.
Rétablissons tout d'abord la réalité qui explique beaucoup de choses:  ce parking se trouve à proximité immédiate de Vincennes mais administrativement à Paris en frontière du Bois de Vincennes (12e) . J'ai souvent dénoncé l'attitude de la mairie de Paris qui a fait de l'ensemble du Bois de Vincennes son "arrière cour des miracles" ou l'on relègue les nuisances qu'on ne veut pas voir ni entendre : putes, SDF, gens du voyage, fêtes foraines, et maintenant relégués à leur véhicule
Cette triste réalité il y a plusieurs façons de la traiter. Il y a ce que font les Maires de droite, estimable certes, mais insuffisant, la charité, avec le soutien aux maraudes des associations caritatives.
Et puis il y a le traitement structurel. Depuis 2008 je propose avec de nombreux de mes camarades une cogestion du Bois avec les villes riveraines du Val de Marne, cogestion qui permettrait au Bois de ne plus être en marge de la Ville Lumière mais au centre de l'ensemble urbain du Nord Val de Marne, tel un véritable Central Park. Ce projet a déjà été développé et le sera à nouveau mais pensons par exemple qu'il pourrait se financer entre autre avec les revenus de l'hippodrome.
Clément, 27 ans, intérimaire dans le bâtiment, dort depuis trois ans dans un camping-car sans électricité garé à proximité du château de Vincennes.


Un tel parc urbain ne serait plus un lieu de relégation mais un lieu suivi et géré par les villes et les habitants riverains. On n'y serait plus relégué mais accueilli et réorienté vers les lieux et les structures ad hoc
Un projet que nous poursuivrons inlassablement, dans un lieu qui en manque cruellement, au coté de l'intercommunalité Nord Val de Marne.


David Dornbusch, en route vers la victoire en 2012 à Fontenay, Vincennes et Saint Mandé avec François Hollande

@Dornbusch2012


www.facebook.com/david.dornbusch



"Parking de l'esplanade Saint-Louis. Un soir de fin janvier. Vue imprenable sur le château de Vincennes et sur les 995 hectares du bois. Au loin, les immeubles cossus des communes de Saint-Mandé et de Vincennes. Malgré un thermomètre qui affiche des températures en dessous de zéro, quelques joggeurs finissent leur parcours, des promeneurs emmitouflés jettent un dernier coup d'œil vers la muraille crénelée avant de s'engouffrer dans le métro.


A première vue, impossible de déceler la précarité… Pourtant elle est là, tapie dans la dizaine de camping-cars, utilitaires et voitures, coincés sur ce bout de bitume.
Conséquence directe de l'immobilier qui flambe, des couples qui se séparent, de la crise… ils sont de plus en plus nombreux à trouver refuge dans ces habitats de fortune pour éviter de basculer vers la rue. Dans son rapport annuel sur l'état du mal-logement en France, rendu public le 1er février, la Fondation Abbé Pierre estime que près de 90 000 personnes se situent dans la "zone grise du logement", c'est-à-dire habitent dans des endroits (caves, parkings, campings…) qui n'étaient pas destinés à être des logements.
Pierre, 32 ans, n'aurait jamais pensé devenir un campeur. Il y a deux ans et demi, suite à une séparation, il perd son logement et décide d'acheter avec ses quelques économies "une bonne occase pour 12 000 euros". Aménagé grâce à ses talents de bricoleur, son camion beige et marron est devenu son seul foyer. Menuisier de formation, il est monté début janvier à Paris dans l'espoir de décrocher une nouvelle mission d'intérim mais pour l'instant, il n'a rien trouvé. "C'est très calme, la crise et le froid n'arrangent pas mes affaires", explique ce natif de Bordeaux. Chaque jour, il rogne sur son budget car, faute d'une domiciliation, il n'est pas inscrit au chômage. "Le parking, c'est bien pour dépanner, explique-t-il, mais il ne faut pas croire, ça coûte cher." Avec le froid, il doit faire tourner à plein régime sa"batterie moteur" et son "groupe électrogène" pour maintenir une température vivable dans l'habitacle.
"Entre le carburant et le chauffage, j'en ai pour entre 400 et 600 euros par mois, calcule-t-il. S'il fallait rajouter 30 euros par nuit, le prix d'un emplacement dans un camping payant, je ne m'en sortirais pas." La nuit est complètement tombée sur le parking figé par le froid. Des camionnettes blanches aux vitres calfeutrées par d'épais pare-soleil cachent une autre réalité. Le secteur est aussi un lieu de prostitution. A deux pas, dans une Renault Twingo, s'entassent trois ressortissants bulgares. Une boîte de conserve dans laquelle est plantée une fourchette est posée sur le tableau de bord. Sur les appuis-tête des sièges, des serviettes de toilette sèchent. "Nous travaillons dans le bâtiment, sur un chantier à Caen. Nous repartons au pays demain", se justifie dans un français hésitant un des trois hommes. Tous assurent ne pas dormir dans leur voiture, même si tout sembleindiquer le contraire.
"EN ATTENDANT MIEUX"
Nicola Iodice est responsable de la maraude Vincennes d'Emmaüs. L'association caritative est chargée de venir en aide aux sans-abri, installés à l'intérieur du bois. Elle n'a pas mandat pour intervenir sur la voie publique et donc sur les parkings des alentours. Mais à force de sillonner dans le coin, Nicola Iodice a repéré les indices qui témoignent d'une installation: "Un habitacle envahi de buée, des sièges rabaissés, des sacs qui débordent du coffre…" Ces derniers jours, la chute des températures a un peu vidé les parcs de stationnement autour du château et du Parc floral.
Certains comme Clément, 27 ans, se sont repliés pour quelques nuits chez des amis. Quand nous l'avions rencontré cette nuit-là, le jeune homme dormait dans un vieux camping-car, que lui avait prêté un "voisin" de l'esplanade Saint-Louis. Faute d'électricité, seule une petite guirlande de Noël alimentée par une pile diffusait une maigre lueur. Intérimaire dans le bâtiment, ce menuisier, originaire de Tourcoing, assumait son mode de vie. "Je n'ai pas envie de donner la moitié de ma paie dans un loyer", affirmait alors le jeune homme, avant d'ajouter"Même si je le voulais, je ne pourrais pas trouver d'appartement, en étant en intérim et sans garant." Depuis trois ans, il s'était adapté à ce quotidien "un peu contraignant", mais il s'estimait"heureux d'avoir un toit sur la tête""Dommage que l'on nous embête", déplorait-il alors.
Clément, 27 ans, intérimaire dans le bâtiment, dort depuis trois ans dans un camping-car sans électricité garé à proximité du château de Vincennes. Herve Lequeux pour "Le Monde"
Cet automne, à coups de contravention pour stationnement illégal, les forces de l'ordre avaient tenté à plusieurs reprises de déloger ces campeurs sans fortune. Avec le froid, la pression s'est desserrée et ces derniers temps, ce sont surtout les maraudes de la Ville de Paris et de la Garde républicaine qui vont à la rencontre de la centaine de sans-domicile-fixe qui vivent sous des tentes ou des abris de fortune au cœur du bois de Vincennes, qui poussent jusqu'au parking.
La frontière est étanche entre les deux mondes. Dans le bois, on survit. Sur l'esplanade Saint-Louis, on est en transit, "en attendant mieux". Et on s'accroche à cette bouée de sauvetage de l'épaisseur d'une carrosserie qui permet de conjurerla peur de passer du côté château au côté bois."

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